"FR-Alert" : voici comment fonctionne le nouveau système d'alerte sur smartphone

Publié le 7 juin 2022 à 18h12

Source : TF1 Info

La France se dote d'un nouveau système d'alerte et d'information par téléphone permettant d'informer la population en cas d'événement majeur.
Des expérimentations sont en cours dans l'Hexagone avant un déploiement à la fin du mois de juin, selon le ministère de l'Intérieur.

La bonne vieille sirène de la sécurité civile se met (enfin) à l’heure du numérique. En effet, quoi de mieux, de nos jours, qu’un smartphone pour alerter en cas de danger. En plus de recevoir des notifications quasi en temps réel, il a l'avantage de permettre de localiser votre position géographique. Pratique, surtout pour informer rapidement la population dans une zone précise confrontée à un événement majeur et lui indiquer les comportements à adopter pour se mettre à l'abri. 

C’est justement l’objectif du nouveau dispositif "FR-Alert", actuellement en cours d'expérimentation. Son déploiement est prévu pour la fin du mois de juin en France métropolitaine et en Outre-mer, a fait savoir le ministre de l'Intérieur. TF1Info vous explique comment fonctionne ce nouveau dispositif et les situations dans lesquels celui-ci pourrait être utilisé à l'avenir. 

De quoi s’agit-il exactement ?

Concrètement, ce nouveau système d’alerte permet aux autorités, en cas d'événement majeur, d’envoyer une notification à toutes les personnes présentes dans une zone précise, sans passer par une application ou l’envoi d’un message SMS. "Une révolution dans l’alerte à la population", se félicitait, en septembre 2020, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, au moment de l’annonce de la création de ce nouvel outil. Le projet, doté d’une enveloppe de 50 millions, avait été lancé un an plus tôt, après l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen. Une directive européenne, votée en 2018, contraignait de toute façon la France à se doter d’un tel outil avant le 21 juin 2022. 

Avec ce nouveau système d’alerte, le gouvernement entend faire oublier l’échec de l’application "Système d'alerte et d'information des populations" (SAIP), également connue sous le nom de "Alerte attentat". Lancée en 2016, après les attentats de Paris et avant l’Euro de football, elle avait été téléchargée moins d'un million de fois. Le dispositif avait, par ailleurs, montré ses limites à plusieurs reprises. Lors des attentats de Nice, l’alerte avait été déclenchée plus d’une heure après l’attaque. En 2018, du fait de ces lacunes, le gouvernement avait annoncé qu'il mettait fin à son application, puis avait noué, dans la foulée, des partenariats avec Google, Twitter et Facebook.

Comment ça fonctionne ?

Pour recevoir les alertes, inutile de télécharger une application ou de s’inscrire au préalable. Les personnes présentes dans une zone confrontée à un danger recevront automatiquement une notification sur leur smartphone, accompagnée d'une alerte sonore et d'une vibration - y compris lorsque le téléphone se trouve en mode silencieux. En revanche, si l'appareil est éteint ou le mode avion activé, l'alerte, évidemment, ne s'affichera pas. 

Le système "FR-Alert" a surtout l’avantage de cibler une zone géographique bien précise, de manière à n’alerter que les personnes concernées. Outre la notification d’alerte, des informations complémentaires seront diffusées via le même canal, que ce soit pour préciser la nature du danger, la zone géographique concernée ou encore les comportements à adopter - rester chez soi, évacuer la zone, fermer les fenêtres, etc.

Dans quelles situations ?

Le nouveau système "FR-Alert" permettra d'alerter en temps réel la population lors de "tout événement majeur justifiant d’alerter la population concernée pour une mise en sécurité", indique le ministère de l'Intérieur. Un attentat terroriste, une catastrophe naturelle (inondation, tempête, incendie, éruption volcanique), un accident industriel (pollution, fuite de gaz, incident nucléaire) ou bien encore pour des raisons sanitaires (épidémie, incident agro-alimentaire). Ce nouveau dispositif viendra s’ajouter aux systèmes d’alerte déjà existants, comme la sirène d’alerte de la sécurité civile, la diffusion des messages à la télévision et à la radio, ainsi que les réseaux sociaux.

Comment vous localise-t-on ?

Soyez rassurés, ce dispositif ne permet pas aux autorités de collecter vos données de localisation. Le système "FR-Alert" combine deux technologies différentes : la "diffusion cellulaire" (ou "Cell Broadcast", en anglais) et les SMS géolocalisés (LB-SMS ou Location-Based SMS). La première permet d'envoyer le message d'alerte en quelques secondes par le biais des antennes de télécommunication, sous la forme d'ondes radio et par le biais d'un canal dédié. Cette technologie nécessite cependant une connexion 4G ou 5G. La deuxième, un peu moins rapide, s'appuie, en revanche, sur une connexion 2G ou 3G (ce qui la rend compatible avec les téléphones plus anciens) mais elle sera déployée ultérieurement, précise le ministère de l'Intérieur sur son site internet. Autrement dit, ce sont bien les opérateurs qui transmettront l'alerte, via les antennes relais. 

undefinedundefinedMinistère de l'Intérieur

A-t-il déjà fait ses preuves ?

Ce système est d'ores et déjà utilisé ailleurs dans le monde, notamment aux États-Unis depuis bientôt dix ans et au Japon depuis quinze ans. Dans l'archipel nippon, le dispositif diffuse une alarme avec un son différent en fonction de la nature du danger (un séisme, un tsunami ou encore le tir d'un missile nord-coréen), puis une voix pré-enregistrée énonce les consignes à suivre pour se protéger. Bien souvent, dans ce genre de situation d'urgence, quelques secondes, voire quelques minutes, peuvent suffire pour sauver des vies. 

Des exercices en cours en France

En France, des expérimentations ont déjà eu lieu dans les Bouches-du-Rhône, et plus récemment dans le Rhône. Lors de ce dernier exercice, auquel une équipe de TF1 a pu assister ce lundi matin, une fuite de produits dangereux a été simulée à la gare de triage de Sibelin. Le message d'alerte a été envoyé à toutes les personnes présentes dans un rayon de trois kilomètres, "en quelques secondes", précise le lieutenant-colonel Romain Moutard, qui dirige le programme "FR-Alert".

Globalement, le système a fait ses preuves, en dépit de quelques mauvaises manipulations. "Quand j’ai voulu ouvrir la notification, elle s’est effacée", raconte un habitant, qui participait à l'expérimentation. En tout cas, le nouveau dispositif semble plutôt bien accueilli par la population. "Il y a une raffinerie pas loin, ça rassure", confie une riveraine, dans la vidéo en tête de cet article.


Matthieu DELACHARLERY

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